Journée mondiale de l’architecture 2025: Concevoir la résilience

06/10/2025

Sauvegarder la mémoire en temps de conflit

Créée par l’UIA en 1985, la Journée mondiale de l’architecture se célèbre cette année le lundi 6 octobre 2025, parallèlement à la Journée mondiale de l’habitat des Nations unies.

L’Union internationale des architectes (UIA) est née à la suite de la dévastation de la Seconde Guerre mondiale, à un moment où notre profession est devenue un pilier essentiel pour la reconstruction d’un monde ravagé par les conflits. Il a fallu rebâtir des villes, des écoles, des hôpitaux et des espaces de vie, car l’architecture n’est pas un instrument de destruction mais un vecteur de création et d’espérance.

De l’utopie qui nous inspire à imaginer un monde meilleur aux réalités de la pratique professionnelle, notre travail dépasse la simple conception de bâtiments : nous sommes les artisans de futurs possibles. Nous concevons des communautés, créons des environnements sains et favorisons la cohésion sociale à travers l’aménagement du territoire. Les architectes conçoivent des espaces et des cadres de vie qui favorisent une existence digne et épanouissante.

Ainsi, notre éthique professionnelle doit nous appeler à l’action en temps de guerre et de destruction. Nous devons faire entendre notre voix et affirmer nos responsabilités dans un contexte où la mémoire, le patrimoine et l’identité collective sont menacés. Dans de nombreux endroits, la destruction de ce qui a été bâti est présentée comme une voie vers un nouveau départ. Pourtant, il est essentiel de rappeler que la destruction n’est pas la solution pour la reconstruction ; nous devons plutôt trouver des moyens de revitaliser et d’honorer le patrimoine qui fait partie de nos communautés. Car, ainsi qu’il a été souligné lors de la table ronde organisée par l’UNESCO et l’UIA le 8 mai au Bureau de l’UNESCO à Venise (Palazzo Zorzi), tenue pendant la semaine d’ouverture de la Biennale de Venise, tout est patrimoine.

En tant qu’architectes, nous avons le devoir de défendre l’intégrité des lieux et de protéger ce qui a été construit par l’effort collectif. Chaque pierre raconte une histoire et reflète la vie de celles et ceux qui ont habité ces espaces. L’urbanisme, l’une de nos compétences professionnelles, est parfois utilisé comme une arme de destruction, effaçant des identités et anéantissant des mémoires. C’est une réalité que nous ne pouvons ignorer.

Comme l’a souligné la Présidente de l’UIA, Regina Gonthier : « Une bonne architecture et un urbanisme de qualité créent de la valeur, respectent les populations locales, révèlent les caractéristiques, la mémoire, l’histoire et la culture d’un lieu, renforcent son identité et créent un sentiment d’appartenance. Face à la destruction causée par des catastrophes naturelles ou d’origine humaine, une conception architecturale et urbaine responsable – fidèle à ces principes – aide les communautés locales à faire face à l’incertitude et à retrouver confiance en l’humanité ainsi qu’espoir en un avenir résilient. »

Il existe des moments dans l’histoire humaine, comme en 1948, où nous avons fait entendre nos voix et créé une organisation pour défendre une architecture qui ne se limite pas à répondre à des besoins fonctionnels, mais qui promeut également la justice sociale et la préservation du patrimoine culturel. Nous sommes les gardiens de la mémoire collective et devons proposer des solutions qui intègrent le passé et l’avenir.

La construction d’un monde meilleur ne peut se réaliser qu’en respectant et en valorisant ce qui existe déjà. Dans les contextes de guerre, le rôle de l’architecte devient dès lors essentiel. Nous ne pouvons accepter que la destruction des territoires et le déni de la mémoire deviennent la norme. Nous devons, au contraire, mobiliser notre créativité pour proposer des alternatives qui favorisent le dialogue et la réconciliation.

L’architecture a le pouvoir de transformer les réalités, de bâtir des ponts entre les communautés, de panser les blessures et d’offrir un avenir porteur d’espoir. Ce sont ces valeurs éthiques et ces engagements qui doivent guider notre discipline. En ce moment de crise, faisons entendre notre voix et agissons. Nous avons la responsabilité de contribuer à un monde plus juste, plus inclusif et plus solidaire.

T. Táboas
Présidente du Comité des communications de l’UIA


Journée mondiale de l’architecture (WAD), créée par l’Union Internationale des Architectes (UIA) en 1985, est célébrée chaque année le premier lundi d’octobre. Cette journée coïncide avec la Journée mondiale de l’habitat des Nations Unies, alignant ainsi les efforts de la communauté architecturale sur les objectifs mondiaux de développement urbain.

Téléchargez la trousse à outils de la Journée mondiale de l’architecture 2024.