Par l’architecte Daniel Daners
Membre du programme de travail Sports et Loisirs
Le sport, en tant que phénomène culturel et social, joue un rôle fondamental dans la construction des villes et le renforcement de l’identité collective. Son influence dépasse l’activité physique, englobant des aspects essentiels tels que la cohésion sociale, la santé publique et le développement économique. Après la pandémie, la valeur des espaces publics et la nécessité d’une planification urbaine inclusive et résiliente sont devenues plus évidentes.
Intégrer le sport dans la planification territoriale permet de transformer l’espace public en un lieu de rencontre et d’égalité, où les personnes peuvent partager des expériences et construire un sentiment d’appartenance. Dans ce contexte, le sous-système Sport-Ville-Territoire se présente comme un cadre stratégique d’action. À travers neuf axes structurants, il propose une manière cohérente et durable d’incorporer le sport dans la vie urbaine. Cette approche favorise non seulement le bien-être des citoyens, mais contribue également au développement global de la ville et du territoire.
Sport et développement territorial
Le sport est un élément essentiel de la construction culturelle et territoriale. Son intégration dans la planification urbaine permet d’améliorer la qualité de vie des citoyens. En reconnaissant le potentiel du sport pour renforcer les économies locales — consolidation urbaine, développement des infrastructures, chaînes productives, apports technologiques, promotion du tourisme, entre autres —, une vision globale de la ville émerge. Une vision qui promeut non seulement le bien-être physique, mais aussi la cohésion sociale. En ce sens, les neuf axes du sous-système Sport-Ville-Territoire permettent de structurer un environnement urbain qui favorise l’interaction et le développement d’une citoyenneté active.
Coordination horizontale ou transversale : La collaboration entre les acteurs des secteurs public et privé est essentielle pour optimiser les ressources et valoriser les forces de chaque entité. Le sport, en tant qu’activité impliquant de multiples dimensions — comme la santé, l’environnement et l’éducation —, requiert une coordination interinstitutionnelle transversale et cohérente.
Multi-niveaux : La planification sportive doit prendre en compte les différents niveaux de gouvernement, du local à l’international. La coordination multi-niveaux permet d’adapter les politiques aux contextes spécifiques, en respectant les particularités de chaque territoire. Elle favorise aussi la création de réseaux de collaboration entre municipalités, régions et nations, facilitant l’échange d’expériences et de ressources.
Autonomisation citoyenne : Le sport est un outil de participation et de démocratisation, offrant aux citoyens la possibilité d’influencer leur environnement. En favorisant l’autonomisation citoyenne, les politiques publiques deviennent plus représentatives et durables, car elles répondent aux besoins réels de la population. Cette autonomisation renforce le sentiment d’appropriation des espaces sportifs et le lien d’appartenance au territoire.
Durabilité : Dans un contexte mondial marqué par les préoccupations environnementales, la durabilité doit être un thème transversal de toute politique urbaine. Le sport, en encourageant des modes de vie sains et l’utilisation des espaces extérieurs, peut contribuer à réduire l’empreinte écologique. L’intégration des Objectifs de Développement Durable (ODD) dans la planification sportive permet aux villes de se développer de manière responsable et respectueuse de l’environnement, en promouvant la mobilité durable et l’utilisation efficace des ressources.
Ville active : La conception urbaine doit faciliter l’accès à l’activité physique et soutenir la mobilité active. Des initiatives telles que la « ville du quart d’heure » visent à garantir que tous les services essentiels, y compris les activités sportives, soient accessibles à courte distance pour les citoyens. Cette approche favorise l’activité physique, améliore la santé mentale et le bien-être général, en réduisant le stress et en encourageant l’interaction sociale.
Le sport comme intégrateur social et moteur économique
Le sport a le pouvoir de rassembler les personnes et de renforcer le tissu social. Les espaces sportifs et récréatifs sont des lieux de rencontre où des personnes d’origines et de cultures différentes peuvent interagir, partager des expériences et développer un sentiment de communauté. De plus, le sport représente une source importante d’emplois et de revenus, générant des bénéfices économiques directs et indirects pour les villes. Le développement d’infrastructures sportives et l’organisation d’événements peuvent attirer des investissements, favoriser le tourisme et stimuler l’économie locale. Cette approche s’articule autour des axes suivants :
Promotion du développement sportif : Les gouvernements locaux doivent agir en tant que facilitateurs, en collaborant avec les établissements d’enseignement, les clubs et les organisations communautaires pour développer des programmes de promotion du sport sur leur territoire. En plus de créer de nouvelles infrastructures, il est essentiel de maintenir et d’optimiser les installations existantes, en veillant à ce qu’elles soient accessibles à tous. Le sport communautaire doit être une priorité, car il est un vecteur direct d’amélioration de la qualité de vie et de renforcement du tissu social.
Pôles sportifs régionaux : La création de pôles sportifs, notamment dans les zones métropolitaines, peut dynamiser l’économie locale et régionale en attirant le tourisme sportif et en générant de l’emploi. Ces pôles peuvent aussi devenir des centres d’excellence pour l’entraînement et la compétition de haut niveau. Leur consolidation nécessite une vision stratégique prenant en compte les forces et les opportunités de chaque territoire, intégrant ses particularités et favorisant la coopération transfrontalière.
Saskia Sassen nous rappelle : « L’espace public est un lieu, un moment dans des trajectoires complexes où peut exister l’égalité. L’égalité n’existe pas, elle existe comme une condition momentanée dans les transports publics, sur la place, dans la rue… ». Les politiques publiques DOIVENT œuvrer à cette égalité. Les espaces sportifs remplissent cette fonction en offrant à chacun, quelle que soit son origine, la possibilité de participer et de contribuer au développement social et culturel de la ville. Le sport encourage également la mobilité et l’accessibilité, en promouvant des espaces publics inclusifs, pensés pour les personnes de tous âges et de toutes capacités. Ces espaces contribuent à la construction d’une ville équitable et cohésive.
Innovation, technologie et durabilité urbaine
L’innovation et la technologie transforment les villes, et le sport ne fait pas exception. Les pôles d’innovation sportive permettent aux villes de devenir des centres où naissent de nouvelles technologies et où l’entrepreneuriat est encouragé. Ces pôles génèrent non seulement des emplois et attirent des investissements, mais ils positionnent aussi la ville sur la scène internationale. Par ailleurs, l’utilisation de technologies durables permet de réduire l’impact environnemental et d’améliorer l’efficacité des infrastructures sportives. Les derniers axes de ce sous-système sont :
Villes intelligentes et pôles d’innovation sportive : La technologie permet d’optimiser la gestion des installations sportives, d’améliorer l’expérience des usagers et de faciliter l’accès à l’activité physique. Les pôles d’innovation sportive peuvent attirer entreprises et entrepreneurs intéressés par le développement de produits et services liés au sport, créant ainsi un écosystème propice à l’innovation et au développement économique. Ces pôles peuvent aussi devenir des moteurs de transformation urbaine, en promouvant une culture de durabilité et de responsabilité sociale.
Penser à différentes échelles : La planification doit considérer les niveaux local, régional et mondial, en créant des synergies entre les villes à travers des projets de villes jumelées. Ces projets permettent aux villes de coopérer et de partager leurs ressources, en valorisant leurs complémentarités pour développer des initiatives conjointes. Par exemple, l’établissement de circuits de tourisme sportif peut favoriser les échanges culturels et économiques entre villes, tout en promouvant le sport et le développement durable.
L’innovation dans le sport peut également contribuer à la durabilité urbaine grâce à l’usage de technologies réduisant la consommation d’eau et d’énergie dans les installations sportives, à la mise en œuvre de solutions de mobilité durable et à la création d’infrastructures adaptées aux conditions environnementales. En encourageant le développement de villes intelligentes, le sport devient un levier de durabilité et de résilience urbaine, favorisant une utilisation responsable des ressources et une meilleure qualité de vie pour les citoyens.
En conclusion
Intégrer le sport dans la planification urbaine est essentiel pour construire des villes durables, inclusives et résilientes. Les neuf axes structurants du sous-système Sport-Ville-Territoire favorisent l’activité physique, renforcent le tissu social et stimulent le développement économique.
Le sport est un outil puissant pour améliorer la qualité de vie des citoyens, mais aussi pour stimuler l’innovation et la durabilité urbaine. La planification territoriale doit reconnaître la valeur du sport comme un facteur clé dans la construction de villes vivables, offrant à leurs habitants des opportunités de développement personnel et collectif. En fin de compte, le sport ne contribue pas seulement au bien-être physique : il renforce aussi l’identité et le sentiment d’appartenance, rendant les villes plus accueillantes, inclusives et dynamiques. Il est essentiel de continuer à promouvoir des politiques intégrant le sport dans la vie urbaine, afin de construire un avenir plus équitable et plus durable.