Louise Cox

Réflexions et expériences de Louise Cox, présidente UIA 2008 – 2011

Le plus important est de comprendre sa culture. J’ai grandi dans un cadre artistique et culturel depuis l’âge de trois ans et la culture australienne comme beaucoup d’autres cultures est très importante pour moi. J’ai étudié l’architecture à l’Université. Ce sont des études longues, de cinq ans, avec des sujets allant des arts aux sciences, qui ont façonné ma formation. Elles mènent à toute sorte d’activité. Et après les études il faut continuer à apprendre. 

J’ai beaucoup aimé ma carrière en tant qu’architecte, en Australie et ailleurs. En tant qu’architecte j’ai pu réaliser des projets d’urbanisme, de paysage, et suivre la gestion administrative et les aspects légaux liés à l’architecture et à l’engineering, la réglementation de la construction et les politiques architecturales. En Australie, à cette époque là, c’était un grand défi de réussir en tant que femme, mais depuis que la profession et le secteur de la construction ont mis à l’épreuve et accepté les femmes, celles-ci ont de plus en plus accédé à la profession, de telle façon qu’aujourd’hui, en Australie, nous sommes acceptées tout d’abord en tant qu’architectes, et ensuite, en tant que femmes.

Les femmes ont été silencieuses trop longtemps, c’est à leur tour de briller​​​​​​​.

En voyageant dans le monde entier, j’ai observé ce qu’il se passait dans chaque continent, j’ai constaté qu’autant nous, les architectes que les étudiants en architecture, nous sommes en train de perdre l’une des plus grandes capacités qui nous distinguent – le lien esprit-main, qui s’est pratiquement perdu avec l’utilisation de l’ordinateur. Nous devrions tous être capables de tenir un crayon. Nous devons reconquérir cette capacité, et considérer l’ordinateur seulement comme un outil utile.  

L’architecture responsable et la durabilité, le patrimoine et la culture, devraient être nos objectifs maintenant comme à l’avenir.  

Nous devons poursuivre notre Stratégie pour une architecture durable en tant que vision de l’architecte pour les besoins de l’avenir. Cela comprend la prise en compte des principes environnementaux, du patrimoine naturel et culturel et l’utilisation des ressources disponibles au niveau local, permettant de répondre aux besoins locaux et aux modes de vie. La terre agonise et nous connaissons quotidiennement des tremblements de terre et des désastres naturels, partout dans le monde. Nous devons nous attaquer aux changements climatiques car nous risquons de perdre notre patrimoine local. La montée du niveau des océans atteint déjà les terres. Nous connaissons de grands changements climatiques qui provoquent de la sècheresse, des inondations et des incendies partout.  Nous devons agir maintenant.

Travaillant avec l’UN-HABITAT nous avons contribué aux Objectifs du Millénaire et nous devons maintenant contribuer aux Objectifs du développement durable et participer aux discussions annuelles sur les changements climatiques.

Louise Cox at COP16, Cancun

 

Le patrimoine d’une ville illustre son histoire ancienne et récente. Il reflète la mémoire, les capacités et la sagesse de générations successives de leurs habitants et de leurs gouvernants.   Il apporte à ceux qui y vivent, d’importantes références, repères et espaces qui contribuent à leur qualité de vie. Le Patrimoine culturel est un important repère pour mener à bien nos ambitions. Nos projets et nos réalisations d’aujourd’hui seront le patrimoine de demain !! Nous devons poursuivre notre collaboration avec l’UNESCO, le Programme de travail sur le patrimoine et d’autres. Il ne faut pas craindre de regarder ce qu’il s’est passé avant. Il faut apprendre les leçons du passé pour avancer vers le futur. Il n’y a rien de nouveau sur la face de la terre, tout a déjà été fait. Soyons capables de scruter ce qu’il est important pour avancer. Respectons toutes les cultures et apprenons ce qu’elles ont à nous apprendre. Notre culture et notre patrimoine peuvent nous aider à aller plus loin.   

Que les villes soient grandes ou petites, développées ou en développement il faudra faire des changements. Il faudra encourager toutes les villes à produire localement de l’énergie renouvelable, repenser les transports urbains et faciliter l’usage de vélos et de véhicules électriques. Il faudra remplacer  l’essence par des énergies vertes. Cette évolution exige un changement des habitudes et une réaction rapide de tous les professionnels travaillant pour l’environnement bâti. Ce passage comprend le réaménagement des villes à toutes les échelles urbaines, des politiques ville-verte, une réactivité du marché,  le développement des partenariats et des ressources pour des solutions innovantes et aussi,  de nouvelles approches du développement et de la gestion urbaine. Les architectes doivent faire partie de tout cela. En tant que professionnels nous devons commencer à l’échelle des petits gouvernements locaux, puis avec ceux des grandes villes et l’état.

C’est un avantage d’être un architecte quand on voyage, pour mieux apprécier la façon dont les personnes vivent et contribuent à l’environnement bâti.  Les anciens ont compris leur environnement, la façon de vivre dans leurs conditions locales, et ils ont survécu sans solutions high tech. Écouter, apprendre, observer et respecter chacun, car tout le monde a quelque chose à vous apprendre.

Louise Cox with Frédéric Mitterand, French Minister of Culture (2009-2012), receiving the French “Ordre des Arts et des Lettres”

Il y a de l’espoir, et nous pouvons toucher les étoiles, il faut juste saisir les opportunités qui se présentent, petites, grandes ou éphémères. J’ai accepté les défis et les opportunités qui m’ont été offerts. Mais il ne s’agit pas ici, de moi ou de vous, mais des autres – les personnes – ils peuvent contribuer avec quelque chose. Soyez sensible, et au service des autres, écoutez-les et prenez-les en compte avant de prendre une décision. Soyez capable de voir à la fois l’ensemble et le détail, ils sont tous les deux très importants. Soyez courageux et proposez vos idées si elles vous semblent meilleures. Soyez un passeur, si l’on ne peut pas dire aux autres ce qu’il faut faire, nous pouvons leur montrer une solution et les encourager à le faire d’eux mêmes.       

Tout le monde peut faire ce qu’il veut, il suffit d’y croire soi-même et persévérer jusqu’à y parvenir.  Il faut profiter de toutes les opportunités qui se présentent et le faire soi-même, car personne ne peut le faire à votre place.

Anyone can do anything they wish, they have to believe in themselves and go for it until they get there. They have to take all opportunities offered to DO it themselves, no one else can do it for them.